Synthèse des ateliers de concertation territoriaux sur les Volumes Potentiellement Mobilisables (VPM*) et la stratégie de gestion de l’eau pour le SAGE Haut-Allier

* Les VPM sont les volumes maximums qui peuvent être prélevés (tous usages confondus) dans le cadre d’une gestion équilibrée de la ressource en eau, c’est-à-dire qui permettre de concilier usages anthropiques et bon fonctionnement des cours d’eau et la vie associée. Ils sont définis à l’échelle de la masse d’eau.  A noter que les VPM ne sont pas réglementaires.

Contexte

Une analyse Hydrologie Milieux Usages Climat (HMUC) est en cours depuis 2019 sur les territoires des SAGE (Schémas d’Aménagement et Gestion de l’Eau) Haut Allier et Allier aval. Cette analyse a pour objectif de :

  • quantifier la ressource en eau sur le territoire,
  • recenser les prélèvements et rejets,
  • évaluer les besoins en eau des milieux aquatiques,
  • cerner les tendances d’évolution en tenant compte du changement climatique,

Cette étude permettra de proposer des valeurs de référence ainsi que des pistes d’action pour améliorer la gestion et le partage de l’eau

NB : Les étude HMUC sont encadrées par des règles écrites par l’état. Elles visent une gestion à long terme (respect du bon fonctionnement des milieux aquatiques 8 années sur 10) pour éviter  les situations de crise. Un guide HMUC a été réalisé par la DREAL Centre-Val de Loire, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et l’OFB.

Objectif

Ces rencontres ont ciblées un public plus large que celui des CLE et des acteurs de l’eau sur le territoire (250 personnes invitées : élus, techniciens dans le domaine de l’eau, représentant d’entreprise, représentant et exploitant agricole …). Les personnes présentes ont pu s’exprimer librement autour de la thématique de la ressource en eau.

Pour cela les journée se sont déroulées autour de quatre axes : présentation de l’étude HMUC, travail en groupe sur la prise de décision pour l’attribution des volumes (cas fictifs), présentation des premiers résultats des VPM calculés sur le territoire, identification des solutions prioritaires par territoire

La présentation des résultats a été réalisée de façon  concrète et simple afin de recueillir les ressentis et les points de vue sur l’étude en cours.

Ces ateliers ont permis de mieux cerner les enjeux du territoire et d’alimenter les réflexions de la CLE du SAGE Haut Allier pour une éventuelle déclinaison dans le SAGE.

Participation

En tout 25 élus étaient présents, et 14 organismes techniques (agricoles, consommateurs, milieux naturels, eaux potables …). Il est ressorti de ces ateliers que les élus n’étaient pas assez présents ainsi que les représentants du monde agricole.

Les inquiétudes des acteurs locaux :

  • L’évolution du climat impacte les milieux et la ressource en eau
  • un besoin de sécurisation de l‘AEP,
  • une situation d’incertitude, des interrogations sur l’intensité des phénomènes,
  • le risque de manquer d’eau et des inquiétudes concernant le remplissage de Naussac,
  • évolution de la production agricole compte tenu des sécheresses récurrentes,
  • une dégradation de la qualité de l’eau …

Les souhaits des acteurs locaux :

  • partager une vision globale (mieux connaitre la ressource);
  • un partage équitable et équilibré de la ressource : des rivières vivantes, de l’eau potable et des usages économiques
  • s’adapter durablement à la ressource ; actions de sobriété, solutions sans regret et s’appuyer sur un panel de solutions …

Les VPM une info utile pour agir ?

Des VPM ont été calculés sur toutes les masses d’eau des affluents du SAGE Haut Allier. Ils visent à outiller un partage de la ressource en eau entre les usages et les milieux. A l’issue des temps de travail, il a été demandé aux participants de partager leur regard sur les données produites dans l’étude et en particulier des VPM. Il a été souligné : la difficulté d’appréhender la situation et la gestion de l’eau (complexité de la gouvernance de l’eau et technicité complexe) ; l’intérêt des VPM pour les décideurs et gestionnaires, en matière d’analyse de la situation actuelle et d’orientation de la gestion de l’eau à moyen terme, mais dans le même temps une difficulté sans doute à les faire appliquer / à les contrôler ; leur caractère insuffisant, seuls, pour décider de la gestion de l’eau

Par ailleurs, les VPM sont une information technique mais non politique : ils n’informent pas sur l’intérêt collectif ou les priorités à donner pour orienter les actions.

A noter : par définition, les VPM incluent tous les prélèvements.

Plusieurs acteurs soulignent le danger de mettre en évidence des volumes prélevables importants hors étiage, qui risquent de faire oublier la problématique en étiage ou de surestimer le potentiel de volumes à prélever hors étiage, sans certitude pourtant sur les perspectives à venir avec le changement climatique.

Le périmètre de réflexion des VPM est aussi interrogé, notamment comment est pris en compte l’aval (Allier, Loire) dans les chiffres affichés.

Le territoire demain

Les souhaits exprimés sont globalement homogènes et dessinent un territoire  qui serait :

  •  « vivant » : avec des habitants, une vie économique et sociale locale à l’année et le développement de nouvelles activités ;
  • avec une identité rurale, agricole mais également forestière :
  • une agriculture principalement constituée « d’élevage extensif et sobre » avec une bonne autonomie fourragère, et le développement de filières à fortes valeurs ajoutées, permettant aux habitants de manger local ;
  • une forêt gérée comme une composante environnementale et climatique (influence sur le micro-climat), ce qui implique une amélioration de la gestion forestière, notamment privée ;
  • une économie industrielle en partie constituée d’agro-alimentaire lié à l’élevage tout en pérennisant les activités industrielles présentes
  • un tourisme « respectueux » ;
  • des milieux aquatiques fonctionnels, de la biodiversité ;
  • un paysage ouvert et un cadre de vie agréable ;
  • un risque incendie limité ;

La gestion de l’eau demain

Sont présentés ci-dessous les principaux éléments de stratégie de gestion, proposées par les groupes, en termes d’orientations et d’actions.

  • une sobriété à mettre en œuvre sur tous les usages : réduction des prélèvements, changements des pratiques, résolution des fuites,
  • rester prudents sur les solutions de stockage, car elles doivent répondre à un besoin et être pérennes,
  • réalisation de petites retenues pour certains usages,
  • préserver et restaurer les fonctionnalités naturelles, pour conforter la disponibilité naturelle de la ressource et la résilience globale,
  • une nécessaire anticipation et planification des usages en période « normale » mais aussi concernant la gestion de crise (davantage de lisibilité, des dispositifs plus ajustés aux situations concrètes, etc),
  • une solidarité amont-aval réciproque (notamment les usages de la ressource du lac réservoir de Naussac),
  • une gestion de l’eau étroitement liée à l’aménagement du territoire (transversalité des réflexions entre eau, urbanisme, agriculture, tourisme, etc.)

Conclusion

Il est ressorti que pour la majorité des participants les ateliers étaient intéressants. Cependant, il a été regretté à plusieurs reprises le manque d’élus. L’étape suivante sera d’interpréter ces résultats pour proposer une stratégie de gestion quantitative. Il s’agira notamment d’en proposer des traductions dans l’étude HMUC et dans le SAGE. Ces propositions seront débattues par la CLE. Il a donc été décidé par la présidence du SAGE Haut Allier de réaliser des  réunions d’information auprès des exploitants agricoles, élus et  des représentants d’entreprise